La petite victoire face à un modeste adversaire des Comores soulève plus d’un point d’interrogation. Ce n’est pas de bon augure.
Certes , ce n’était qu’un match amical, mais , même dans une partie d’application devant un adversaire de petit calibre , on doit s’appliquer . On a eu droit, au contraire, à une rencontre jouée au petit trot et à l’économie et à une toute petite victoire par un but à zéro. Jalel Kadri avait surestimé une équipe nationale des Comores et n’a pas osé prendre trop de risques. Ces coelacanthes de Youssef Zerdouk, qui sont parvenus à avoir le dessus sur le Ghana, lors de la dernière journée de phase de leur poule de la CAN au Cameroun par 3 buts à deux, lui ont fait peur plus qu’il ne le fallait et l’ont obligé à sacrifier la manière pour obtenir un succès sans gloire avec le strict minimum. Comme s’il ne s’agissait pas de préparer une phase finale de Coupe du monde et de hausser aussi bien le ton que le niveau. Les déclarations d’après-match de notre sélectionneur ont tourné autour du pot et étaient tellement évasives jusqu’à sonner faux. « On a essayé de faire une revue d’effectif , de donner une occasion aux nouveaux venus de montrer leurs qualités et de s’intégrer progressivement dans le groupe, et sur ce point, je suis satisfait», a- t- il affirmé. C’était trop peu, trop maigre et un aveu à peine voilé qu’il n’avait rien à dire. Ce discours aurait été cohérent et aurait tenu debout si les joueurs en phase d’expérience avaient été alignés d’entrée et avaient bénéficié d’un temps de jeu suffisant. Rami Kaïeb, le latéral gauche , n’a pas fait son entrée et Ali Mâaloul lui a été préféré durant tout le match pour des raisons que l’on ignore. Le milieu Chaïm Djebali à été incorporé à la 85 minute de jeu et l’attaquant Seifallah Ltaïef à la 67 ‘ à la place de Taha Yassine Khénissi, auteur du but . On est donc parvenu au constat que les deux joueurs testés ne font pas actuellement le poids. Ce qui est sûr, c’est que le chef du staff de l’équipe de Tunisie n’avait pas voulu prendre de risques inutiles à ses yeux et a cherché avant tout à cacher son jeu et ses meilleurs atouts pour le match contre le Brésil mardi 27 septembre. Ce n’est pas solide comme argument et nos adversaires, la France et le Danemark, ne se livrent pas à ce genre de calcul lors des matches de préparation qu’ils sont en train de livrer en plein jour , sous l’œil des caméras de télés et en faisant participer tous leurs joueurs cadres.
Le milieu défensif de trop
Jouer contre les modestes Comores qui ne sont jamais allés au Mondial avec trois milieux récupérateurs (Laïdouni – Sassi – Skhiri ) était insensé. C’est ce choix dicté par une prudence trop excessive et qui n’avait pas sa raison d’être qui a déréglé tout le dispositif et faussé la physionomie et l’enjeu de cette partie. Un milieu de terrain offensif et utile aux avant-postes, comme Anis Ben Slimane, a été ainsi injustement et sans justification plausible sacrifié . Résultat : une animation offensive très pauvre et les occasions de buts ont été très rares. De même que l’essai d’une ligne d’attaque à deux têtes (Taha Yassine Khénissi-Issam Jebali ou Taha Yassine Khénissi- Seïfeddine Jaziri ), d’entrée de jeu, aurait été plus judicieux et s’imposait même pour donner plus de poids au jeu en profondeur, avec une pointe qui coupe au premier poteau et qui joue en déviation et une autre qui profite du déséquilibre provoqué dans l’arrière-garde adverse , surgit et pique au point de penalty pour reprendre et conclure. Wahbi Khazri n’a pas le profil de deuxième attaquant de pointe car il lui manque l’essentiel pour un redoutable finisseur : le bon jeu de tête que détient Issam Jebali et Seifeddine Jaziri. Si on avait joué de la sorte, avec autant d’attentisme et d’économie dans l’effort, peu d’imagination et de variétés en attaque devant les Comores, on se demande quelle sera l’approche tactique du match contre le Brésil. Une assise défensive plus musclée, un milieu de terrain en béton et une ligne d’attaque isolée et coupée du reste de l’équipe ? Avec l’objectif de limiter les dégâts avant de penser à faire bonne figure et à jouer équilibrés pour offrir une meilleure prestation ? Avec son jeu ouvert et technique qui laisse des espaces et qui permet de s’exprimer, le Brésil, malgré le nombre impressionnant de joueurs de talent qui inspirent son jeu offensif et constituent une force de frappe aussi bien individuelle que collective, ne doit pas nous inciter à mettre une toile d’araignée avec un double rideau défensif pour fuir le débat et éviter le duel d’égal à égal. Avec un tel état d’esprit où il y a peu d’audace et peu de confiance en soi, c’est la plus mauvaise des façons de préparer le Mondial. Car au Qatar, si on vise le second tour , la bande de Jalel Kadri doit être dotée de très bons arguments offensifs pour marquer des buts et grappiller des points décisifs. L’objectif des matches de préparation ne peut être que de donner plus d’importance au travail de construction et de variation des profils de joueurs, des formules et des options offensives. Il faut être bon dans les deux surfaces. En défense pour ne pas être cueillis à froid et prendre des buts qui peuvent tout mettre à plat et surtout en attaque pour pouvoir surprendre l’adversaire et gagner notamment contre un concurrent direct pour le même objectif et qui ne peut être que le Danemark, car la France, champion du monde et équipe qui a le plus gros et le meilleur potentiel offensif des nations favorites pour convoiter le sacre , est hors de portée. Qu’on en finisse donc avec ces matches de la peur et du moindre mal, même en amical !